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FROM CHAPTER 3
Toussaint Louverture, général des Armées du Roy; à Monsieur Chanlatte jeune le scélérat, perfide et trompeur.
Quartier général ce 27 aoust 1793 .
J’ai reçu vos trois lettres que vous m’avez écris par triplicat, et qui me sont parvenus par trois de mes différents camps; et vous n’avez pas besoin de vous servir, de la voi de monsieur Vernet pour me fair parvenir vos letres, toutes celles qui me sont addressés directement oû non, me parvienne exactement.
Je vous répondrai donc que je suis on ne peu des plus sensibles aux marques d’intérêt que vous prenez à ma personne. Je suis pénétré de votre humanité, vous m’en avez donnés des marques, par les cruautés que vous avez Commis par trois différentes fois envers mes gens en les martirisans de toutes manière. Mais je vous attend à la quatrième. Mes principes sont bien différents des vôtres, et en mettant la main sur vôtre Conscience, vous saurez en faire la différence, et pour lors vous ne direz pas que vous êtes remply D’humanité; il n’est pas possible que vous Combattiez pour le droit de l’homme, après toutes les cruautés que vous Exercé journellement; non vous ne vous battez que pour vos interets, et satisfaire vôtre ambition; ainsy que vos traîtres projets Criminels, et je vous prie de croire que je n’ignore pas vos forfaits, et soyez persuadés que nous ne sommes pas si faibles de lumières pour nous laisser tromper comme vous voudriez nous le faire accroire, Nous savons bien qu’il n’y a plus de Roy puisque vous traitres républicains l’avez fait égorger sur un indigne échafaut; mais vous n’en etes pas encore où vous voulez, et qui vous a dit qu’au moment où je vous parle, il n’y en aye pas un autre? que vous êtes peu instruit pour un agent des commissaires. L’on voit bien que vos portes sont bien gardées, et que vous ne recevez pas souvent des nouvelles de France, vous en recevrez encore bien moins de la Nouvelle angleterre; je croirai bien que vous l’ignorez pas, mais étant trop lié avec les Commissaires d’interest, vous êtes trop politique pour travailler Contre, en divulgant la verité; faites vos Reflextions le tems n’est pas éloigné, où la Justice Divine va s’apèsantir sur les Criminels, et je désire sincerement pour l’interest que je prends à mes semblables, qu’ils puisse revenir de leurs erreurs.
Quant aux Commissaires ne m’en parlé pas, leurs stratagemes me sont connus et depuis leur arrivée dans la Colonie, nous avons suivis leurs démarches parjures, et ils ont développé leurs soi disant bonnes intentions; trop tard, setait dans le tems qu’ils nous fesait poursuivre et fesant endurer à ceux qu’ils atrapait des notres les plus grande cruautés, setait dans ce temps dis-je qu’il devait nous faire envisager ce qu’ils veulent nous faire croire aujourd huy pour nous tromper; et à ce sujet lorsque vous verrez les commissaires ils vous communiqueront certainement mes remarques à l’égard de leurs sage conduitte, en reponce, à un de leurs tentatives ordinaire auxquels je suis accoutumé ainsy que tous les État major et ma troupe.
Je vous désire bien de la santé et vous engage pour un homme soi disant humain à ne pas gaspiller vôtre munition sur des malheureuses victimes de toutes Couleurs, comme vous faite tous les jours! C’est chez nous où Regne le véritable droit de l’homme et de la justice! nous recevons tous le monde avec l’humanité, et fraternité, même nos plus Cruels ennemis, et leur pardonnons de bon coeur, et c’est avec la douceur que nous les fésons revenir de leurs erreurs.
—Toussaint Louverture5
FROM CHAPTER 3
Nous ne pouvons nous conformer à la volonté de la nation, vu que depuis que le monde règne nous n’avons exécuté que celle d’un roi. Nous avons perdu celui de la France, mais nous sommes chéris de celui d’Espagne qui nous5témoigne des récompenses et ne cesse de nous sécourir; comme cela, nous ne pouvons reconnaître commissaire que lorsque vous aurez trôné un roi.6
FROM CHAPTER 9
Toussaint Louverture, général de l’armée de l’Ouest, à Etienne Laveaux, général par interim.
Le citoyen Chevalier, commandant de Terre-Neuve et Port à Piment m’a remis votre lettre en date de 5 le courant et pénétré de las plus vive reconnaissance, j’ai apprécie, comme je dois, toutes les vérités qu’elle renferme.
Il est vrai, général, que j’ai été induit en erreur par les ennemis de la République; mais quel homme peut se vanter d’éviter tous les pièges des méchants? A la vérité, j’ai tombé dans les filets, mais non point sans connaisance de cause. Vous devez bien vous rappelez qu’avant les désastres du Cap, et par les démarches que j’avais faites par devers vous, mon but ne tendait qu’a nous unir pour combattre les ennemis de la France et faire cesser une guerre intestine parmi les français de cette colonie. Malheureusement, et pour tous en général, les voies de réconciliation par moi proposées: la reconnaissance de la liberté des noirs et une amnistie plénière, furent rejetées. Mon coeur saigna et je répandis des larmes sur le sort infortuné de ma patrie, prévoyant les malheurs qui allaient s’ensuivre. Je ne m’étais pas trompé: la fatale expérience a prouvé la réalité de mes prédictions.
Sur ces entrefaites, les Espagnols m’offrirent leur protection, et pour tous ceux qui combattraient pour la cause des Roys, et ayant toujours combattu pour avoir cette même liberté, j’adhérai à leurs offres, me voyant abandonné des Français, mes frères. Mais une expérience un peu tardive m’a desillé les yeux sur ces perfides protecteurs et m’étant aperçu de leur superchérie scélérate, j’ai vu clairement que leurs vues tendait à nous faire entr’égorger pour diminuer notre nombre, et pour surcharger le restant de chaînes et les faire retomber à l’ancien esclavage. Non, jamais ils ne parviendront à leur but infâme! et nous nous vengerons à notre tour de ces êtres méprisables à tous les égards. Unissons-nous donc à jamais et, oubliant le passé, ne nous occupons désormais qu’à écraser nos ennemis et à nous venger particulièremet de nos perfides voisins.
Il est bien certain que le pavillon national flotte aux Gonaives ainsi que dans toute la dépendance, et que j’ai chassé les Espagnols et les émigrés de cette partie de Gonaives; mais j’ai le coeur navré de l’événement, qui a suivi sur sur quelque malheureux blancs qui ont été victimes dans cette affaire. Je ne suis pas comme bien d’autres que voient des scènes d’horreur avec sangfroid, j’ai toujours eu l’humanité pour partage et je gémis quand je ne peux pas empècher le mal; il y a eu aussi quelques petit soulèvements parmi les ateliers mais j’ai mis de suite le bon ordre et tous travaillent comme ci-devant.
Gonaives, le Gros Morne, les cantons d’Ennery, Plaisance, Marmelade, Dondon, L’Acul et toute la dépendance avec le Limbé sont sous mes ordres, et je compte quatre mille hommes armés dans tous ces endroits, sans compter les citoyens de Gros Morne qui sont au nombre de six cents hommes. Quant aux munitions de guerre, j’en suis dépourvu entièrement, les ayant consommées dans les diverses attaques que j’ai faites contre l’ennemi; quand j’ai pris les Gonaives, j’ai seulement trouvé cent gargousses à canon dont je fais faire des cartouches à fusil pour attaquer le Pont de l’Esther ou sont campés le émigrés; je me propose de les attaquer au premier moment, c’est à dire quand le citoyen Blanc Cassenave se sera rendu avec son armée à l’habitation Marchand, au carrefour de la Petite-Rivière de l’Artibonite. . . .
Voilà, Général, la situation exact de tout; je vous prie de m’envoyer des munitions de guerre; vous jugerez par vous-même de la quantité qu’il me faudra dans la circonstance présente. . . .
Salut en patrie,
Toussaint-Louverture7
FROM CHAPTER 9
Il est de mon devoir de rendre au gouvernement français un compte exact de ma conduite; je raconterai les faits avec toute la naïveté et la franchise d’un ancien militaire, en y ajoutant les réflexions qui se présenteront naturellement. Enfin je dirai la vérité, fut-elle contre moi-même.
La colonie de Saint-Domingue, dont j’étais commandant, jouissait de la plus grande tranquilité; la culture et le commerce y florissaient. Et tout cela, j’ose le dire, était mon ouvrage....8
FROM CHAPTER 17
Artibonite (6 février 1795) le 18 Pluviôse, l’an 3 de la République Française, une et indivisible.
Toussaint-Louverture, Commandant Général du Cordon de l’Ouest, à Étienne Laveaux, Gouverneur Général des îles françaises de l’Amérique sous le vent.
Citoyen Général,
Je réponds à votre lettre du 11 de ce mois. J’ai réçu les deux ordres que vous m’y annonciez, savoir le premier relatif aux commandants des paroisses dépendant de mon cordon, le second relatif aux commandants des autres paroisses. Cette mesure ne peut qu’être du plus grand avantage pour le succès des armes de la République. Je m’empresse de faire passer copie de celui qui concerne les commandants qui sont sous mes ordres et d’en ordonner la publication et l’affiche afin que personne n’en prétende cause d’ignorance.
Blanc Cassenave pendant sa detention a été atteint d’une colère bilieuse qui avait tout les apparences d’une rage effrénée; il es mort étouffé; requiescat in pace. Il est hors de ce monde; nous en devons à Dieu des actions de grâces. Cette mort de Blanc Cassenave a anéanti contre lui tout espèce de procédure, attendu que de son crime n’y a point de complice ni de participes. Vernet nem’ayant pas encore fait passe le Procès-Verbal de sa mort, je lui écris de vous l’envoyer signé de l’officier qui le gardait et du médecin qui le voyait, et de m’envoyer copie de tout, pour que cela n’entraîne pas d’autre délai à cause de mon éloignement.
Je m’occupe de acquisition des mulets que vous m’aviez ordonnée pour Barthèlemy. . . .
Je vous embrasse de tout mon coeur, ainsi que le commandant de la Province, au souvenir duquel je vous prie de me rappeler.
Salut,
Toussaint-Louverture9
FROM CHAPTER 17
Au Fort Dauphin, le 20 novembre 1794.
Jean-François, général des troupes auxiliaires de Sa Majesté Catholique à Etienne Laveaux, Gouverneur-Général pour la République française, au Cap.
Votre lettre datée du 20 Brumaire de l’an 3 de la République me fait connaître les nobles sentiments avec lesquels vous l’avez dictée; elle commence avec le mépris que tous vous autres auraient toujours pour les gens de ma race. J’ay l’honneur d’être nommé général parmis mes amis et mes ennemis, titre glorieux que je me suis acquis par mes explois, ma bonne conduite, ma probité etmon courage et vous me privez de cet honneur dans la première parole de votre lettre, en me nommant avec un air dédaigneux et méprisant Jean-François, comme vous pourriez faire dans ces temps malheureux où votre orgueil et votre cruauté nous confondaient avec les chevaux, les bêtes à cornes et les plus viles animaux, précisément dans une occasion où vous avez besoin de moi, et vous me proposé la perfidie la plus noire que vous cherchez à embellir avec des promesses séduisantes, menteuses et remplies d’artifices, et par lesquelles vous faites connaître l’indigne idée que vous avez de mon caractère et mon procédé. Mon parti est pris, et je suis inébranlable une fois déterminé, je vivrai, je mourrai dans la belle cause que j’ai adoptée, et sans lâcher de faire l’apologie de Messieurs les Espagnols, je pourrai vous prouver que je n’ai que des louanges à faire d’eux les ayant toujours trouvés fidèles et religieux observateurs dans toutes leurs promesses.
Quoique je pourrai bien répondre à tous les chapitres de votre lettre, je les omets parce qu’ils sont presque tous détaillés dans un manifest que j’ai fait circuler à mes compatriotes dans lequel je leur fais connaître sans artifice, le sort que les attend, s’ils se laissent séduire par vos belles paroles . . . l’Egalité, la Liberté, &c &c &c . . . et seulement je croirai à celuy là jusqu’à ce que je voisque Monsieur Laveaux et d’autres messieurs français de sa qualité, accordent leur filles en mariage aux nègres. Alors je pourrai croire à l’égalité prétendue. Il ne me reste plus monsieur le général, que de vous demander la grâce de m’envoyer cette lettre de monsieur le Président que vous citez dans d’autres écrits que sont entre mes mains, dans laquelle il vous promet ma tête pour la rançon de tous les prisonniers espagnols, de vous prier de faire la guerre, en respectant les droits des gens et cette générosité observée anciennement par les noble guerriers français dont vous trouverez bien des exemples dans vos illustres ancêtres, et de vous instruire que jamais la trahison et la perfidie ne seraient le partage du général Jean-François.
Jean-François, Général de S.M.C.10
FROM CHAPTER 17
Vous demandez si un républicain est libre? Il faut être esclave pour faire une pareille demande. Osez-vous bien, vous Jean-François, qui avez vendu à l’Espagnol vos frères, qui actuellement fouillent les mines de cette détestable nation, pour fournir à l’ostentation de son roi....11
Toussaint-Louverture à tous ses frères et soeurs actuellement aux Verrettes.
22 mars 1795
Frères et soeurs,
Le moment est arrivé où le voile épais qui obscursissait la lumière doit tomber. On ne doit plus oublier les décrets de la Convention nationale. Ses principes, son amour pour la liberté sont invariables, et désormais il ne peut pas exister d’espoir de l’écroulement de cet édifice sacré. . . .
Art 6.—Le travail est nécessaire, c’est une vertu; c’est le bien général de l’Etat. Tout homme oisif et errant sera arrêté pour être puni par la loi. Mais le service aussi est conditionné et ce n’est que par une récompense, un salaire justement payé, qu’on peut l’encourager et le porter au suprême degré....12
FROM CHAPTER 19
Verrettes, le 23 pluvi ôse, l’an IV de la République française (12 février 1796)
Mon cher frère et ami,
Je vous envoie trois de mes officiers, pour vous porter un paquet que le général et gouverneur de Saint Domingue me charge de vous faire parvenir. Malgré que je n’ai pas le plaisir de vous connaître, je sais que, comme moi, vous portez les armes pour la défense de nos droits, pour la liberté générale; que nos amis les commissaires civils Polverel et Sonthonax avaient la plus grandeconfiance en vous, parce que vous étiez un vrai républicain. Aussi je ne puis croire aux bruits injurieux que l’on fait courir sur vous: que vous avez abandonné votre patrie, pour vous coaliser avec les Anglais, ennemis jurés de notre liberté et égalité.
Serait ce possible, mon cher ami, qu’au moment où la France triomphe de tous les royalistes et nous reconnaît pour ses enfants, par son décret bienfaisant du 9 thermidor, qu’elle nous accorde tous nos droits pour lesquels nous nous battons, que vous vous laisseriez tromper par nos anciens tyrans, qui ne se servent d’une partie de nos malheureux frères que pour charger les autres dechaînes? Les Espagnols, pendant un temps, m’avaient de même fasciné les yeux, mais je n’ai pas tardé à reconnaître leur scélératesse; je les ai abandonnés et les ai bien battus; j’ai retourné à ma patrie qui m’a reçu à bras ouverts et a bien voulu récompenser mes services. Je vous engage, mon cher frère, de suivre mon exemple. Si quelque raisons particulières, vous empèchaient d’avoir la confiance dans les généraux de brigade Rigaud et Beauvais, le gouverneur Laveaux, qui est notre bon père à tous, et en qui notre mère patrie a mis sa confiance, dois aussi mériter la vôtre. Je pense que vous ne me la refuserez pas aussi à moi, qui suis un noir comme vous, et qui vous assure que je ne désire autre chose dans le monde que de vous voir heureux, vous et tous nos frères.Pour moi, je crois que nous ne pouvons l’être qu’en servant la République française; c’est sous ses drapeaux que nous sommes vraiment libres et égaux. Je vois comme cela, mon cher ami, et je ne crois pas me tromper. S’il m’avait été possible de vous aller voir, j’aurais eu le plaisir de vous embrasser, et je me flatte que vous ne m’auriez pas refusé votre amitié. Vous pouvez vous en rapporter àce que vous diront mes trois officiers; ce sera la vérité. Si, quand ils reviendront, vous voulez m’envoyer deux ou trois des vôtres, nous causerons ensemble, et je suis sûr que je leur donnerai de si bonnes raisons, qu’ils vous ouvriront les yeux. S’il est possible que les Anglais aient réussi à vous tromper, croyez-moi, mon cher frère, abandonnez-les, réunissez-vous aux bon républicains, et tous ensemble chassons ces royalistes de notre pays: ce sont des scélérats que veulent nous charger encore de ces fers honteux que nous avons eu tant de peine à briser. Malgré tout ce qu’on m’a dit de vous, je ne doute point que vous soyez un bon républicain: ainsi vous devez être uni avec les généraux Rigaud et Beauvais qui sont de bons républicains, puisque notrepatrie les a récompensés de leurs services. Quand même vous avez quelques petites tracasseries ensemble, vous ne devez pas vous battre contre eux, parce que la République, qui est notre mère à tous, ne veut pas que nous nous battions contre nos frères. D’ailleurs, c’est toujours le pauvre peuple que en souffre le plus. Quand nous, chefs, nous avons des disputes entre nous, nous ne devons pas faire battre les soldats qui nous sont confiés les uns contre les autres, mais nous devons nous adresser à nos supérieurs qui sont faits pour nous rendre justice et pour nous mettre d’accord. Rappelez-vous, mon cher ami, que la République française est une et indivisible, que c’est ce qui fait sa force et qu’elle a vaincu tous ses ennemis. . . .
Croyez-moi, mon cher ami, oubliez toute animosité particulière; réconciliez vous avec nos frères Rigaud et Beauvais; ce sont de braves défenseurs de la liberté générale, qui aiment trop leur patrie pour ne pas désirer de tout leur coeur d’être vos amis, ainsi que tout le peuple que vous commandez.
Malgré que je n’ai pas l’avantage de connaître le commandant Pompée, je vous prie de lui présenter mes civilités.
Je vous embrasse et vous salue en la patrie, vous et tous nos bons frères.
Toussaint-Louverture13
FROM CHAPTER 19
Paris, 22 fructidor an X (9 septembre 1802)
Vous voudrez bien vous rendre au château de Joux.
Vous y ferez une enquête pour savoir comment Dandigné et Suzannet se sont échappés. Vous verrez Toussaint, qui m’a fait écrire par le ministre de la Guerre qu’il avait des choses importantes à me communiquer. En causant avec lui, vous lui ferez connaître l’énormité du crime dont il s’est rendu coupable en portant les armes contre la République; que nous l’avions considéré commerebelle dès l’instant qu’il avait publié sa constitution; que d’ailleurs le traité avec la régence de la Jamaîque et l’Angleterre nous avait été communiqué par la cour de Londres; vous tâcherez de recueiller tout ce qu’il pourra vous dire sur ces differents objets, ainsi que sur l’existence de ses trésors et les nouvelles politiques qu’il pourraint avoir à vous dire.
Vous ne manquerez pas de lui faire connaître que, désormais, lui ne peut rien espérer que par le mérite qu’il acquerrait en révélant au Gouvernement des chose importantes, et qu’il a intérêt à connaître.
Vous recommanderez qu’on ne se relâche en rien de la garde sévère qu’on doit faire pour empêcher qu’un homme comme lui se sauve.
Bonaparte14
FROM CHAPTER 19
On m’a envoyé en France nu comme un ver; on a saisi mes proprietés et mes papiers; on a répandu les calomnies les plus atroces sur mon compte. N’est-ce pas couper les jambes à quelqu’un et lui ordonner à marcher? N’est-ce pas lui couper la langue et lui dire de parler? N’est-ce pas enterrer un homme tout vivant?15
FROM CHAPTER 24
6 Messidor, an 4e
Par une de mes dernières lettres, cher général, je vous ai prévenu que vos enfans pourraient partir pour France sur le vaisseau de soixante-et-quatorze, le Watigny; comme nous devons le faire partir très prochainement, je vous prie de me les envoyer de suite; ils seront logés chez moi, j’aurai pour eux tous les soins de l’amitié jusqu’à leur départ. Vous pouvez compter sur toutes mes sollicitudes, sur celles du général Laveaux pour qu’en France on les elève de manière à répondre à vos vues. Soyez sûr que le ministre de la Marine, mon ami particulier, leur prodiguera tous les secours de la République. . . .
Sonthonax16
FROM CHAPTER 24
Quartier Général des Cahos, le 30 thermidor, l’an 4 de la République française, une et indivisible (17 avril 1796)
Toussaint-Louverture, Général de Division et Commandant en Chef du Département de L’Ouest, à Etienne Laveaux, Général en Chef de Saint-Domingue.
Mon Général, Mon Père, Mon Bon Ami,
Comme je prévois avec chagrin qu’il vous arrivera dans ce malheureux pays, pour lequel et pour ceux qui l’habitent vous avez sacrifié votre vie, votre femme, vos enfants, des désagréments, et que je ne voudrais pas avoir la douleur d’en être spectateur, je désirais que vous fussiez nommé député pour que vous puissiez avoir la satisfaction de revoir votre patrie et être à l’abri des factions qui s’enfantent à Saint Domingue et je serai assuré et pour tous mes frères d’avoir pour la cause que nous combattons le plus zélé defenseur. Oui, général, mon père, mon bienfaiteur, la France possède bien des hommes mais quel est celui qui sera à jamais le vrai ami des noirs comme vous? Il n’y en aura jamais.
Le citoyen Lacroix est le porteur de ma lettre; c’est mon ami, c’est le vôtre, vous pouvez lui confier quelque chose de vos réflexions sur notre position actuelle; il vous dira tout ce que j’en pense, qu’il serait essentiel que nous nous voyions et que nous causions ensemble. Que des choses j’ai à vous dire! . . .
Je n’ai pas besoin par des expressions de vous témoigner l’amitié et la reconnaissance que je vous ai. Je vous suis assez connu.
Je vous embrasse mille fois et soyez assuré que si mon désir et mes souhaits sont accomplis, vous pourrez dire que vous aurez à St.-Domingue l’ami le plus sincère que jamais il y en ait eu.
Votre fils, votre fidèle ami,
Toussaint-Louverture17
FROM CHAPTER 24
Aux citoyens de Saint-Louis-du-Nord
Liberté Égalité
PROCLAMATION
Toussaint-Louverture, général de brigade et lieutenant au gouvernement de Saint-Domingue
J’apprends avec indignation, que des êtres pervers, désorganisateurs, perturbateurs du repos public, des ennemis de la liberté générale et de la sainte égalité, cherchent par des intrigues infâmes à faire perdre à mes frères de la commune de Saint-Louis-du-Nord le glorieux titre de citoyens français. Jusqu’à quand vous laisserez-vous conduire comme des aveugles par vos plusdangereux ennemis? O vous, Africains mes frères! vous qui m’avez coûté tant de fatiques, de travaux, de misères! Vous dont la liberté est scellée de la moitié de plus pur de votre sang. Jusqu’à quand aurai-je la douleur de voir mes enfants égarés fuir les conseils d’un père qui les idolâtre! . . .
Quel fruit espérez-vous retirer des désordres dans lesquels on cherche à vous entraîner? Vous avez la liberté, que pouvez-vous prétendre de plus! Que dira le peuple français lorsqu’il apprendra qu’après le don qu’il vient de vous faire, vous avez porté l’ingratitude jusqu’à tremper vos mains dans le sang de ses enfants. . . .18
Ils osent, ces scélérats, vous débiter que la France veut vous rendre à l’esclavage! . . . comment pourriez-vous ajouter foi à des calomnies si atroces? Ignorez-vous ce que la France a sacrifié pour la liberté générale, pour les droits de l’homme, pour le bonheur, pour la félicité des hommes?
Faites bien attention, mes frères, qu’il y a plus de noirs dans la colonie qu’il n’y a d’hommes de couleur et d’hommes blancs ensemble, et que s’il y arrive quelques désordres, ce sera à nous, noirs, que la République s’en prendra, parce que nous sommes les plus forts et que c’est à nous à maintenir l’ordre et la tranquilité par le bon exemple.
FROM CHAPTER 25
Toussaint-Louverture, Général en Chef de Saint-Domingue, à Etienne Laveaux, Représentant du peuple, Député de St.-Domingue au Corps Législatif.
Gonaives, le 4 prairial, an 5 de la République Française, une et indivisible (23 mai 1797)
Mon cher représentant,
Depuis votre départ et jusqu’à ce jour, je suis encore privé de la douce satisfaction de recevoir de vos chères nouvelles. Je vous ai écrit plusieurs fois et suis encore dans l’incertitude que mes lettres vous soient parvenues heureusement. Puisse celle-ci vous être remise aussi promptement que je le désire.
Pénétré de l’intérêt particulier que vous prenez à la colonie française, je vous dois compte de la position où se trouvent en ce moment les parties qui sont confiées à ma surveillance et à ma défense, et c’est avec la joie que m’inspire mon attachement sincère et mon entier dévouement aux intérêts de la République, que je vous apprendrai l’heureuse réussite de mes dernières entre-prises sur les quartiers du Mirebalais, de la Montagne des Grands-Bois, de Las Cahobas, de Banica, Saint Jean et Niebel qui sont entièrement en notre possession en ce moment. Les anglais, nos ennemis, effrayés de la marche courageuse qu’ont dévelopée sur eux les braves défenseurs de la République en quittant ces points importants, n’ont pu s’échapper qu’avec une faîble partie de leur artillerie; l’autre est restée dans notre pouvoir. Resserrés dans de faîbles parties de la colonie, ils ne tarderont point à sentir leurs efforts impuissants et leur insuffisante opposition à la juste cause que défendent les républicains français. . . .
En vous réitérant parculièrement l’assurance de l’attachement que vous m’avez inspiré, je vous prie d’être l’organe de mes sentiments respectueux et de ceux de mon épouse, auprès de la votre et de votre chère famille, et croyez que les liens de notre amitié ne finiront qu’avec moi.
Salut et amitié
Toussaint-Louverture19
FROM CHAPTER 26
Toussaint-Louverture, général en chef de l’armée de Saint-Domingue, au citoyen Sonthonax, représentant du peuple et commissaire délégué aux îles Sous-le-Vent.
Quartier général du Cap français, le 3 fructidor, an V (20 août 1797)
Citoyen Représentant,
Privés depuis longtemps de nouvelles du gouvernement, ce long silence affecte les vrais amis de la République. Les ennemis de l’ordre et de la liberté cherchent à profiter de l’ignorance où nous sommes pour faire circuler des nouvelles dont le but est de jeter le trouble dans la colonie.
Dans ces circonstances, il est nécessaire qu’un homme instruit des évènements et qui a été le témoin des changements qui ont produit sa restauration et sa tranquillité, veuille bien se rendre auprès du Directoire exécutif pour lui faire connaître la vérité.
Nommé député de la colonie au corps législatif, des circonstances impérieuses vous firent un devoir de rester quelque temps encore au milieu de nous; alors votre présence était nécessaire: des troubles nous avaient agités, il fallait les calmer.
Aujourd’hui que l’ordre, la paix, le zèle pour le rétablissement des cultures, nos succès sur nos ennemis extérieurs et leur impuissance vous permettent de vous rendre à vos fonctions, allez dire à la France ce que vous avez vu, les prodiges dont vous avez été témoin et soyez toujours le défenseur de la cause que nous avons embrassée, dont nous serons les éternels soldats.
Salut et respet.
(multiple signature)20
FROM CHAPTER 26
5 novembre 1797
Toussaint-Louverture, général en chef de l’armée de Saint-Domingue, au Directoire exécutif de la République française
. . . Il tient à vous, citoyens directeurs, de détourner de dessus nos têtes, la tempête que les éternels ennemis de notre liberté préparent à l’ombre du silence. Il tient à vous d’éclairer la législature, il tient à vous d’empêcher les ennemis du système actuel de se répandre sur nos côtes malheureuses pour les souiller de nouveaux crimes. Ne permettez pas que nos frères, nos amis, soient sacrifiés à des hommes qui veulent régner sur des ruines del’ espèce humaine. Mais vous, votre sagesse vous donnera les moyens d’éviter les pièges dangereux que vous tendent nos ennemis communs. Je vous envoie, avec cette lettre, une déclaration qui vous fera connaître l’unité qui existe entre les propriétaires de Saint-Domingue qui sont en France, ceux des Etats-Unis et ceux qui servent sous ledrapeau anglais. Vous y verrez que leur souci de réussir les a conduits à s’envelopper du manteau de la liberté de manière à lui porter des coups d’autant plus mortels. Vous verrez qu’ils comptent fermement sur ma complaisance de me prêter à leurs vues perfides par la crainte pour mes enfants. Il n’est pas étonnant que ces hommes qui sacrifient leur pays à leurs intérêts soient incapables de concevoir combien un père mieux qu’eux peut supporter de sacrifices par amour de sa patrie, étant donné que je fonde sans hésiter le bonheur de mes enfants sur celui de ma patrie, qu’eux et eux seuls veulent détruire. Je n’hésiterai jamais entre la sécurité de Saint Domingue et mon bonheur per sonel, mais je n’ai rien à craindre. C’est à la sollicitude du gouvernement français que j’ai confié mes enfants. Je tremblerais d’horreur si je les envoyés comme otages entre les mains des colonialistes. Mais même si cela était, faites leur savoir qu’en les punissant de la fidélité de leur père, ils ne ferais qu’ajouter à leur barbarie, sans aucune espoir de me faire manquer jamais à mon devoir. . . .
Aveugles qu’ils sont! ils ne peuvent s’apercevoir combien cette conduite odieuse de leur part peut devenir le signal de nouveaux désastres et de malheurs irréparables et que, loin de leur faire regagner ce qu’à ses yeux la liberté de tous leur fait perdre, ils s’exposent à une ruine totale et la colonie à sa destruction inevitable. Pensent-ils que des hommes qui ont été à même de jouir des bienfaits de la liberté, regarderont calmement qu’on les leur ravisse? Ils ont supporté leurs chaînes tant qu’ils ne connaissent aucune condition de vie plus heureuse que celle de l’esclavage. Mais aujourd’hui qu’ils l’ont quittée, s’ils avaient un millier de vies, ils les sacrifieraient plutôt que d’être de nouveau soumis à l’esclavage. Mais non, la main qui a rompu nos chaînes ne nousasservira pas à nouveau. La France ne reniera ses principes. . . . Mais, si pour rétablir l’esclavage à Saint Domingue, on faisait cela, alors je vous déclare, ce serait tenter l’impossible; nous avons su affronter des dangers pour obtenir notre liberté, nous saurons affronter la mort pour la maintenir. Voilà, citoyens directeurs, la morale de la population de Saint Domingue, voilà les principes qu’elle vous transport par mon intermédiaire. . . .21
FROM CHAPTER 29
Un colon blanc qui possédait sa confiance voulut aussi se rétirer; il l’arrêta et luis dit: “Non, restez, vous n’êtes trop avec moi. Je pourrais bien le faire arrêté . . .; mais Dieu m’en garde . . . j’ai besoin de M. Rigaud . . . il est violent . . . il me convient pour faire la guerre . . . et cette guerre m’est necessaire. . . . La caste des mulâtres est supérieure à la mienne . . . si je lui enlevais M. Rigaud, elle trouverait peut-être un chef qui vaudrait mieux que lui. . . . je connais M. Rigaud . . . il abandonne son cheval quand il galope . . . mais il montre son bras quand il frappe . . . moi je galope aussi, mais je sais m’arrêter sur place; et quand je frappe, on me sent, mais on ne me voit pas. . . . M. Rigaud ne sait faire des insurrections que par du sang et des massacres . . . moi je sais aussi mettre le peuple en mouvement. Il gémit, M. Rigaud de voir en fureur le peuple qu’il excite . . . mais je ne souffre pas la fureur . . . quand je parais il faut que tout se tranquilise.”22
FROM CHAPTER 30
“Quoi, n’ai-je pas donné ma parole au général anglais? Comment pouvez-vous supposer que je me couvrirais d’infâmie en la violant? La confiance qu’il a en ma bonne foi l’engage à se livrer à moi, et je serais déshonoré pour jamais, si je suivais vos conseils. Je suis tout dévoué à la cause de la République; mais je ne la servirai jamais au dépens de ma conscience et de mon honneur.”23
FROM CHAPTER 31
Gens de couleur qui depuis le commencement de la révolution trahissez les noirs, que désirez-vous aujourd’hui? Personne ne l’ignore; vous voulez commander en maîtres dans la colonie; vous voulez l’extermination des blancs et l’asservissement des noirs! . . . Mais y réfléchissez-vous hommes pervers qui vous êtes à jamais déshonorés par l’embarquement et ensuite l’égorgement destroupes noires connues sous la dénomination des suisses. Avez-vous hésité à sacrifier à la haine des petits-blancs ces malheureux qui avaient versé leur sang pour votre cause? Pourquoi les avez-vous sacrifiés? Pourquoi le général Rigaud refuse-t-il à m’obéir? C’est parce que je suis noir; c’est parce qu’il m’a voué, à cause de mon couleur, une haine implacable. Pourquoi refuserait-t-il d’obéir à un général français comme lui, qui a contribué plus que n’importe qui à l’expulsion des Anglais? Hommes de couleur, par votre fol orgueil, par votre perfidie vous avez déjà perdu la part que vous possédiez dans l’exercice des pouvoirs politiques. Quant au général Rigaud, il est perdu; il est sous mes yeux au fond d’un abîme; rebelle et traître à la patrie, il sera dévoré par les troupes de la liberté. Mulâtres, je vois au fond de vos âmes; vous étiez prêts à vous soulever contre moi, mais bien que toutes les troupes aillent incessament quitter la partie de l’Ouest, j’y laisse mon oeil et mon bras: mon oeil pour vous surveiller, mon bras qui saura vous atteindre.24
FROM CHAPTER 33
à Christophe, commandant du Cap
Port Républicain, 29 Messidor an VII (15 juillet 1799)
La revolte du Môle, mon cher commandant, vient de s’opérer par les agents secrets du perfide Rigaud; ils ont des prosélytes partout, et partout ils opèrent le mal qu’il faut cependant arrêter dans sa source. Le Môle correspond directement avec le Fort-Liberté; il y sème la désunion, et j’ai la certitude que cette place devait aussi se soulever et arborer l’étendard de la révolte; au Cap mêmedes agents y provoquent la rébellion; surveillez-les avec une rigeur étonnante; déployez le caractère dur que nécessitent les trames de ces scélérats; tous les hommes de couleur en général se sont donné la main pour culbuter St-Domingue, en les désunissant, et en armant les citoyens les uns contres les autres; ils servent la passion du rebelle Rigaud; ils ont juré de le servir et del’élever le chef suprême sur des corps et des cendres; dans aucun cas ne molissez pas contre les hommes de couleur, et garantissez par une activité sans égal l’arrondissement que vous commandez, des horreurs qui menacent déjà quelques-uns.
L’arrondissement de l’Est doit faire encore l’objet de votre sollicitude dans des circonstances aussi critiques, vous savez combien sont remuants les habitants de cette partie de la colonie; faites former des camps qui fassent respecter cette place, et employez et faites même descendre des mornes les cultivateurs armés desquels vous croyez avoir besoin, pour également garantir cette placeimportante; les hommes de couleur y sont aussi dangereux que vindictifs; n’ayez aucun ménagement pour eux; faites arrêter et même punir de mort ceux qui seraient tentés d’opérer le moindre mouvement; Vallière doit être aussi l’objet de tous vos soins.
Je compte plus que jamais sur votre imperturbable sévérité; que rien n’échappe à votre vigilance.
Je vous desire une bonne santé.
Salut et amitié
Toussaint-Louverture25
FROM CHAPTER 36
Les consuls de la République française aux citoyens de Saint-Domingue:
Paris, le 4 nivôse, l’an VIII de la République française, une et indivisible (25 decembre 1799)
Citoyens, une constitution qui n’a pu se soutenir contre des violations multipliées est remplacée par un nouveau pacte destiné à affermir la liberté.
L’art. 91 porte que les colonies françaises seront régies par des lois spéciales.
Cette disposition dérive de la nature des choses and de la différence des climats. La différence des habitudes, des moeurs, des intérêts; la diversité du sol, des cultures, des productions, exige des modifications diverses.
Un des premiers actes de la nouvelle législature sera la redaction des lois destinées à vous régir.
Loin qu’elles soient pour vous un sujet d’alarmes, vous y reconnaîtrez la sagesse et la profondeur des vues qui animent les législateurs de la France.
Les consuls de la République, en vous annonçant le nouveau pacte social, vous déclarent que les principes SACRÉS de la liberté et de l’égalité des noirs N’ÉPROUVERONT JAMAIS parmis vous d’atteinte ni de modification.
S’il est dans la colonie des homme malintentionnés, s’il en est qui conservent des relations avec les puissances ennemis, braves noirs souvenez-vous que le peuple français seul reconnaît votre liberté et l’égalité de vos droits.
Signé, Le Premier Consul, BONAPARTE
Les mots suivants: «Braves noirs, souvenez-vous que le peuple français seul reconnait votre liberté et l’égalité de vos droits» seront écrits en lettres d’or sur tous les drapeaux des bataillons de la garde nationale de la colonie de Saint Domingue.26
FROM CHAPTER 36
Rapport de Caffarelli au Premier Consul
Paris, le 2 vendémaire an XI (24 septembre 1802)
Mon Général,
Vous m’avez ordonné de me rendre auprès de Toussaint-Louverture pour entendre les révélations qu’il avait annoncé vouloir faire au gouvernment, savoir de lui quels traités il avait fait avec les agents de L’Angleterre, pénétrer ses vues politiques et obtenir des renseignements sur ses trésors. Je me suis attachés à remplir cette mission, de manière à atteindre le but que vous désirez et si je n’y suis parvenu, c’est que cet homme profondément fourbe et dissimulé, maître de lui, fin et adroit, avait son thème préparé et n’a dit que ce qu’il voulait bien dire.
Dès le premier jour il entama une conversation dans laquelle il me fit un narré fort long de ce qui était arrivé à Saint-Domingue. Cette conversation qui durait longtemps n’aboutait à rien, ne m’apprenait rien. Je le quittai, le prévenant que je reviendrais le lendemain pour savoir s’il n’avait rien de plus à m’apprendre. Je m’y rendais effectivement dans la matinée. Je le trouvai tremblant de froid et malade; il souffrait beaucoup et avait de la peine à parler. Je l’interrogeai de nouveau sur les révélations qu’il avait à faire, je le pressai de m’accorder un peu de confiance l’annonçant que je n’en abuserais pas. Il prit alors le mémoire ci-joint, il me pria de l’emporter et que j’y trouverais ce qu’il avait à me dire. . . .
. . . je l’ai vu montrer de l’élévation dans deux circonstances.
L’une, lorsqu’on lui apporta les habits et le linge qu’on avait fait faire pour lui.
La seconde, lorsqu’on lui redemanda son rasoir. Il dit que les hommes qui lui enlevaient cet instrument fussent bien petits puisqu’ils soupçonnent qu’il manquait du courage nécessaire pour supporter son malheur, qu’il avait une famille et que sa réligion, d’ailleurs, lui défendait d’attenter à lui-même. Il m’a paru, dans sa prison, patient, resigné, et attendant du Premier Consul, toute lajustice qu’il croit mériter. . . .
. . . Les divers objets dont il est question dans ce rapport sont le résultat de sept entretiens, la plupart très longs dans lesquels les mêmes sujets ont été ramenés à plusieurs intervalles. Il a toujours répondu de la même manière et presque dans les mêmes termes.
Sa prison est froide, saine, et très sûre. Il ne communique avec personne.27