Paul de Choart de Buzanval, the French ambassador to the United Provinces, wrote this letter on March 13, 1602, from Canfere (nowadays Veere), in Zeeland to the grand marshal in France. The text refers to a series of military information and provides details on gold and silver mines the Portuguese had discovered in Brazil. Buzanval commented that the mines were richer than those of the Potosi. Most importantly, in the final part of the letter, he recounts the founding of the VOC, describing it not only as a financial and commercial enterprise, but also as a body that potentially had military aims. The letter ends with Buzanval comparing the VOC to San Giorgio, a financial institution that had taken all the resources of the city and republic of Genoa. This might be an indirect quotation of Machiavelli’s passage from Florentine Histories, VIII, 29. The following transcription is by Davide Gambino.
[f. 1r]
Monsieur,
j’arrivay en ceste province de Zellande le 7e de ce mois, où après avoir esté bien-veigné des depputez du Conseil d’icelle, j’euz communication particulière d’un costé avec le sieur Walek, trésorier général, de l’autre avec le sieur Malderay qui préside aux états de ceste dite province, y représentant la personne de monsieur le prince Maurice: deux personnages aussi différendz en bonnes volontéz et cordialitéz, que bien uniz et accordants en la hayne des Espagnolz. J’appris d’eux l’estat d’Ostande, qui est tel qu’il n’y a pas beaucoup à craindre pour le présent, y estant eu vers la sepmaine de devant Pasques cent dix-huict vaisseaux chargéz et d’hommes et de toutes sortes de rafreschissements, sans qu’il y en ayt qu’un seul offencé du canon de l’Archiduc. Je rencontré [sic] le commissaire Doublet a Flessingues, qui s’embarquoit pour y porter une notable somme de deniers comme il est de besoing pour contenter sept mil hommes qui sont en garnizon, lesquels on est délibéré de raffreschir doresnavant de mois en mois, en tirant ces régiments par l’ordre du temps qu’ilz y auront demeuré. On a mis en avant de faire quelqu’effort sur le quartier du Conte du Bucquoy, mais ilz disent que les advenues y sont si difficiles et le lieu si adventageux à la cavallerie qui le deffend, qu’il y a peu d’apparence d’y rien exploicter, si ce n’est que par le dehors on s’aproche avec une forte armée. C’est sur quoy on travaille pour la mettre au plus tost qu’il sera possible sur pied, ce qui sera à mon advis assez tard, veu la difficulté qu’il y aura à joindre ensemble tant de pièces rapportées de divers endroictz, comme ils vous ont esté déclaréz, et principalement celles des Allemans, qui seront les plus esloignés, et plus pesantes à marcher, de sorte qu’il y a danger que les ennemis ne soient sur pied devant eux et que tous leurs grands efforts de ceste année ne servent qu’à les rendre plus faibles et langoureux la prochaine ; de quoi je vous pourray mieulx esclaircir quant je seray arrivé à la Haye où je m’achemine à cest instant, n’ayant eu plus tost moyen de faire ce passage à cause de la contrariété du vent. J’ay appris cependant | [f. 1v] beaucoup de particularitéz en ce lieu où le sieur de [name erased] m’a logé et receu fort honorablement, lequel continue en l’affection de faire service à Sa Majesté, m’ayant faict tant d’ouvertures des moyens qu’il avoit de ce faire, que je croy que si nous estions au temps de Fernand et d’Isabelle, ils le recevroient comme ils firent Christophe Colomb, qui leur donna les clés des trésors des Indes occidantales. Il m’a mis en main une liace de lettres portugaises qu’un sien navire, estant à la coste de Brésil, a prises dans une caravelle qui alloit trouver le gouverneur de la dite coste : elles sont pleines de merveilles et d’allegresses pour la nouvelle découverte que les Portugais ont faict de mines d’or et d’argent plus riches et abondantes que ne sont celles de Potossy, principales du Pérou, et croyant que c’est un nouveau moyen que Dieu a voulu faire éclore à l’advènement de ce jeune Roy pour luy donner moyens assurés de dompter ses ennemis et extirper les hérésies et le mahométisme du Monde.
Or, non guères loing de ce climat-là, les gens dudit [name erased] ont fait la découverte des trésors qu’il nous a proposé, et ont amené habitants de ladite coste avec eux, qui raportent choses estranges de la richesse et commodité dudit païs de sorte qu’il dict qu’il n’est poinct besoing d’envoyer recognoistre davantage les lieux et laisser perdre l’occasion et le temps, mais qu’il fault aller droict pour s’en emparer et les fortifier, n’estant esloignés que de trois ou quatre cent lieues de ceulx où les Espagnols et Portugais ont commandement. Il suffit d’aller trouver Sa Majesté pour cest effet dans deux ou trois mois, luy ouvrir tout ce qu’il en scait et communicquer avec ceux du Conseil qu’il jugera bon estre, et qui plus est en reprendre le voyage en personne et y contribuer jusques à cinquante mil escus de ses moyens propres, si on luy donne occasion de ce faire et qu’on veille à bon étiant mettre la main à ceste oeuvre. Mais il ne seroit nullement à propos qu’on le fist venir sans une certaine résolutoin d’en reprendre l’affaire, si on la jugeoit de telle importance qu’il espère | [f. 2r] la faire recognoistre : car d’arracher de ses négoces un homme qui a un si grand faict en maniement, comme est celuy de quinze ou seize navires qu’il a sur mer, sans une bien arrestée volonté de s’employer, il y auroit peu d’apparance.
Au reste le secret est fort requis en ce faict, d’autant qu’il n’y a endroict plus sensible et duquel les Espagnols soient plus jaloux que de celluy des Indes d’Occidant, desquelles bien qu’ilz n’occupent qu’une bien petite partie, si est ce qu’ilz s’en vindiquent la propriété totale. Je croy qu’ilz vont estre deslogés tout à fait de celles d’Ost par le nouvel ordre qui a esté érigé pardeçà depuis un mois pour la conqueste d’icelle, et pour frustrer les Portugaiz du commerce des espiceries qu’ilz tireront doresnavant tous en ce païs, où ils ont réduict tous les marchandz qui ont trafficqué en particulier ausdites Indes par bandes à part en un certain corps et collège qui se trouve un fondz de cinque millions d’or, qui sera gouverné et administré par ledit collège et députéz de tout le corps, et ce soubs l’aucthorité de Messieurs les Estats généraulx des provinces unies, qui ont consenty ausdits marchands de faire ledit corps et fond, et exclure dudit trafficq tous autres marchandz de ce païs qui ne voudront entrer en ladite compagnie. Ilz font bastir pour cest effet plusieurs grands gallions et vaisseaux, fondre grand quantité d’artillerye, envoyent ambassadeurs à tous les roys desdites Indes avec plusieurs présents d’un costé, et de l’autre bonnes forces pour establir et de leur gré et par force où il en sera le besoing pour ledit trafficq, se résolvent d’édiffier plusieurs fortreresses et maisons de contractation [corrections on text] desdites Indes aux endroictz qu’ilz jugeront plus à propos pour la seureté de ce commerce. Quelques ungs jugent de tell’importance cest’entreprise, qu’ilz osent bien dire que si elle prend racine, c’est comme un second état qui se forme dans celuy de ces Messieurs, aussi préjudiciable à la | [f. 2v] grandeur du Roy d’Espagne comme le premier et le [le: interlinear gloss] principal a esté, et qui se rendra plus puissant en moyens que n’est celuy des Estatz généraux ; ce qui se ne peult mieux comprendre et comparer qu’à la maison de Saint Georges, qui fut érigée dans Gennes il y a quelques centaines d’années avec tel succèz en peu de temps, qu’elle absorba presques toutes les facultéz et moyens de ladite ville et république. Et sur ce etc.
À Canfer, le 13 d’avril 1602.